En préparant mon intervention pour l’événement “Health is Wealth” organisé par la Banque Internationale à Luxembourg le 19 juin , une idée m’a percutée de plein fouet. J’étais en train de répéter quelques passages de ma présentation, confortablement installée dans mon salon, lorsque j’ai pris conscience que j’étais en train de parler d’argent… comme on parle d’émotions.

Pas de graphiques ni de produits financiers. Pas de ratios, ni d’indicateurs de performance. Juste des croyances, des héritages invisibles, des ressentis qui nous habitent et nous influencent bien plus que nous l’imaginons. Et si c’était cela, le vrai leadership financier au féminin ? Une manière de faire la paix avec notre rapport à l’argent, pour mieux en faire un levier de confiance et de clarté.

Lors de l’atelier du 19 juin, j’ai eu la chance d’échanger avec des femmes brillantes, engagées, qui occupent parfois des postes de haute responsabilité dans des entreprises familiales, l’univers financier, ou  leur propre entreprise. Et pourtant, nombreuses sont celles qui ont confié ne jamais avoir eu l’occasion de parler de leur propre rapport à l’argent dans un cadre sûr, sans jugement, sans enjeu immédiat. Un espace pour réfléchir à ce que l’argent vient dire de nous, de nos peurs, de nos loyautés familiales, de notre rapport à la valeur.

Voici ce que je retiens de cette expérience, et que j’aimerais partager plus largement :

1. La santé financière est une dimension essentielle de la santé mentale. Nos finances personnelles ne sont pas un sujet à part. Elles sont intimement liées à notre sérénité, notre capacité à faire des choix, à poser des limites, à nous projeter dans l’avenir.

2. Nos croyances inconscientes gouvernent nos décisions. “Je ne suis pas bonne avec l’argent” ou “je dois tout mériter à la sueur de mon front” : ces phrases intériorisées dès l’enfance peuvent saboter nos choix, même quand nous avons les compétences techniques.

3. Repenser son rapport à l’argent, c’est reprendre du pouvoir. Ce travail introspectif permet de mieux orienter son énergie, d’assumer des choix patrimoniaux alignés avec ses valeurs, et de développer une posture de leader intérieurement apaisé.

4. Les institutions financières doivent aussi s’ouvrir à ces conversations. Il est temps de compléter la compétence technique par une compréhension fine des dynamiques psychologiques de l’argent. Les femmes qui conseillent, transmettent, gèrent et investissent sont aussi des personnes avec des histoires, des vulnérabilités, des aspirations profondes.

5. Une nouvelle narration est possible. Celle d’une femme qui assume son rapport à l’argent sans honte ni culpabilité, qui choisit de faire de sa relation à l’argent un espace de conscience et de cohérence.

C’est tout le pari du programme “Flourish Financially” que je co-anime aujourd’hui : faire de l’argent non pas un tabou, mais un outil de croissance personnelle, de transmission apaisée, de leadership aligné.

Merci à la BIL pour cet espace de dialogue. Merci aux participantes pour leur vulnérabilité et leur intelligence du cœur.

Et à toutes celles qui se posent des questions sur leur rapport à l’argent : vous n’êtes pas seules. Il existe désormais des espaces pour en parler autrement.

Sincèrement vôtre,

Dr Sophie